Le Livre

J’aurais aimé être enceinte du même enfant avec elle. Ressentir ce qu’elle ressentait. J’étais une femme qui attendait un enfant sans le porter et c’était absurde et c’était faux et c’était vrai. Ce n’était plus mon sang qui circulait dans mes veines : c’était un sang sauvage.

France, années 1980 : le sida fait rage, l’homosexualité reste un immense tabou.

Camille rencontre par hasard une femme dont elle tombe très amoureuse ; rapidement, elles s’annoncent qu’elles voudraient un enfant. Trente ans avant la loi autorisant le mariage pour tous, la réalisation d’un tel projet nécessite une grande quantité de rêve, de hasard, d’amour et de détermination – puis, un jour, l’enfant est bel et bien vivant.

Catherine Laurent a travaillé en milieu psychiatrique, expérience à l'origine de son premier roman, Les Criants (Seuil, 2002), mais aussi en tant que maquettiste. Elle a participé à l'ouvrage collectif Scintigraphie au noir (Gallimard, 1997) puis publié Il est parti (La Cause des livres, 2007, prix Marguerite-Audoux).

Auteur/trice(s)

Catherine Laurent

Née en 1954 à Paris, Catherine Laurent a fait des études d’infirmière puis de psychologie. En 1981, elle travaille en milieu psychiatrique, expérience à l’origine de son premier roman, paru en 2002 aux éditions du Seuil, Les Criants. À trente ans, elle quitte le territoire de la maladie et apprend le métier de maquettiste, qu’elle exerce dans une maison d’édition, dans une agence puis en indépendante, notamment pour le Centre national du livre et la Maison des écrivains. En 1997, elle participe à un ouvrage collectif paru chez Gallimard, L'Infini, puis publie, en 2007, un roman inspiré par sa mère, Il est parti, publié à la Cause des livres. Actuellement à la retraite, elle écrit et anime des ateliers d’écriture dans la ville de Nantes, où elle habite. ©Camille Montrose Photography

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France, années 1980. À cette époque pas si lointaine où des crucifix trônent encore dans les chambres à coucher, la vie des personnes homosexuelles est marquée par le silence, le tabou et le sida. Ils et elles savent que s’ils l’apprennent, leurs parents risquent de les renier ; qu’au travail, il vaut mieux s’inventer un compagnon ou une compagne hétéro.

Quand elle rencontre Julie, en 1982, Camille, la narratrice de ce roman comprend deux choses : 1) elle ne pourra plus jamais faire semblant d’aimer les hommes ; 2) elle ne s’imagine plus passer sa vie sans elle et veut avoir un enfant avec elle. À l’époque, les réseaux sociaux n’existent pas ; il faut aller jusqu’en Hollande pour recevoir une insémination. Concevant difficilement qu’un homme accepterait de faire un enfant avec elles, les deux femmes laissent leur projet de côté ; jusqu’à ce qu’un soir, Julie prenne conscience qu’un de ses collègues, Antoine, vit avec un homme, Gabriel.

Après de longues conversations, interrogations, tergiversations et longs moments passés à se rencontrer et à se connaître, ils décident de devenir tous les quatre parents du même enfant.