Le Livre
D'où venaient-ils ?
Il avait été impossible de se déplacer pendant la tempête. Ils n'étaient pas véhiculés. Ne semblaient rien posséder d’autre que quelques sacs, portés à bout de bras. Quand on leur demandait d’où ils venaient, ils haussaient les épaules, regardaient autour d’eux. Ne semblaient pas comprendre notre langue.
Ils nous ressemblaient. Oh, à quelques détails près : on n’aurait pas pu confondre, mais quand même. Cette ressemblance accentua en nous le sentiment d’une étrangeté.
À la suite d’une immense tempête qui s’abat sur Paris, des individus y font soudain leur apparition. Ils sont rapidement dénommés « nouveaux venus » par les chaînes d’information en continu. Personne ne sait rien sur eux, mais les spéculations vont bon train. Quelles que soient leurs intentions, serons-nous prêts à les entendre ?
Née en 1989 à Rennes, Adèle Gascuel travaille principalement dans le champ du théâtre en tant qu'autrice, metteuse en scène et comédienne. Elle s'intéresse à des enjeux qui croisent écologie et féminisme, tout en cultivant un certain goût pour la dérision. Les Nouveaux Venus est son premier roman.
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Alors qu’une tempête terrible s’apprête à s’abattre sur Paris et que l’on débat pour savoir s’il vaut mieux enterrer ou attacher la tour Eiffel afin de l’empêcher de s’envoler, la narratrice de ce livre, employée par Pôle emploi, n’a plus que des lentilles corail à acheter, les stocks de pâtes ayant déjà été dévalisés. Au terme de quatorze jours d’enfermement et de vents puissants, les dégâts sont nombreux (immeubles effondrés, espaces verts dévastés), mais ce qui interroge le plus est l’arrivée de mystérieux « nouveaux venus », tels que les dénomment immédiatement les chaînes d’information en continu. Ils ressemblent aux humains, mais on ne pourrait pas les confondre ; on ignore tout d’elles, y compris comment elles ont pu se déplacer en pleine tempête. Le premier détail stupéfiant à leur sujet est que même l’éditorialiste du Figaro le plus attaché au masculin neutre ne peut s’empêcher de dire alternativement « ils » et « elles » pour les désigner.
Aussitôt, les spéculations vont bon train. Elon Musk veut lancer diverses expérimentations sur ces cobayes, Paul B. Preciado célèbre la fin des assignations identitaires, Michel Houellebecq y voit la confirmation de ses craintes d’être grand-remplacé.
Mais que sont venus nous dire les nouveaux venus ? Sommes-nous prêts à les entendre ?
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