Le Livre
Elles fustigent les politiques égalitaires, qui viseraient à faire des femmes « des hommes comme les autres », qu'elles considèrent comme des menaces pour la société. Elles s'opposent à l'islam et à l'immigration extra-européenne et lisent les violences sexuelles au prisme de la race plutôt que du genre. De manière générale, elles présentent le féminisme, en particulier celui de la deuxième vague, comme un mouvement d'aliénation.
En 2012-2013, la Manif pour tous a massivement mobilisé contre la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe, dite « Loi Taubira », et les politiques d'égalité de genre. Dans son sillage, les droites radicales se sont saisies de ces sujets, favorisant l'émergence d'un militantisme féminin hostile aux féministe. Loin de se cantonner à militer dans des structures existantes, ces « Nouvelles femmes de droite », qu'il s'agisse de groupes de militantes comme les Caryatides, les Antigones ou le Collectif Némésis, ou d'intellectuelles telles Marianne Durano ou Eugénie Bastié, ont gagné une visibilité politique et médiatique nouvelle et brouillent les clivages politiques traditionnels. Chercheuse au CNRS, Magali Della Sudda, spécialiste de science politique et de socio-histoire, a étudié ces femmes qui semblent d'un certain point de vue agir contre leurs propres intérêts tout en fournissant de nouvelles armes à l'extrême droite.
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En 2012-2013, en opposition à la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe, dite "Loi Taubira", les Manifs pour tous ont fait déferler dans les rues de France une droite dont peu soupçonnaient la détermination, le nombre et la radicalité. Dans le sillage de cette mobilisation s'opèrent des rapprochements et des complicités qui reconfigurent profondément le champ de la droite de la droite, notamment autour de la question de l'égalité des sexes. Si même Marine Le Pen ne peut plus aborder la condition des femmes comme le faisait son père, cette question devenue centrale est le point de départ de multiples prises de position aussi réactionnaires que déstabilisantes. Nombreuses sont celles qui considèrent le féminisme, et non les inégalités hommes-femmes, comme responsable des souffrances des femmes : c'est lui qui les oblige à mener des vies d'hommes en travaillant, à se soumettre au pouvoir médical en recourant à la contraception... Les Caryatides affirment leur antiféminisme, comme les Antigones, opposées aux Femen. D'autres, comme le collectif Némésis, issu des Identitaires, s'affirment féministes, mais attribuent la responsabilité des violences faites aux femmes exclusivement aux hommes migrants. Loin de se cantonner à des groupuscules inoffensifs, ces mouvements irriguent au contraire largement les champs médiatique et politique actuel et y exercent une influence réelle tout en brouillant les clivages politiques traditionnels, notamment en s'appuyant sur une rhétorique écologiste, comme on peut le voir à travers les figures d'Eugénie Bastié, de Marianne Durano et de la revue Limite.
Illustration de couverture : Juliette Maroni.
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