Le Livre
La recherche de voies collectives d'émancipation s'apparente à un jeu de pistes. Il faut trouver un juste milieu entre l'urgence d'une situation qui nous échappe et la lenteur nécessaire à l'expérimentation ; et c'est d'autant plus complexe qu'on va souvent à contre-courant de ce qui est prescrit socialement.
Pour me rassurer, j'ai supposé que le pas de côté que je faisais serait réversible : ça a été plutôt le contraire.
Née en 1991, Victoria Berni-André a consacré dix ans de sa vie à se former et à exercer l'ingénierie en génie urbain et environnemental. En 2019, elle quitte cette position pour expérimenter d'autres écologies que les « petits gestes » qu'elle avait jusque-là contribué à promouvoir. Des ZAD à la lutte antinucléaire en passant par la réappropriation des politiques institutionnelles, les écolieux ou encore la pratique intersectionnelle de l'écologie, ce livre raconte un parcours militant tissé de convictions et de désillusions. En mettant à l'épreuve du réel diverses initiatives écologistes, en identifiant leurs divergences, leurs forces et leurs dysfonctionnements, il propose des pistes concrètes d'engagement et réaffirme un désir de bâtir des formes de sociétés émancipatrices.
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À 28 ans, Victoria Berni-André exerce un métier « à impact » : ingénieure dans une collectivité territoriale, elle passe quarante heures par semaine à promouvoir le tri des déchets. Réalisant que son action se borne en réalité à reproduire et à légitimer des fonctionnements qui lui apparaissent insoutenables à long terme, elle fait le choix de « déserter ». Elle s’implique alors pendant quatre ans dans différentes tentatives écologistes visant à gagner en autonomie et à lutter contre la destruction des biens communs, qu’elle interroge et documente.
Loin de décrire encore une fois les destructions socio-environnementales et leurs origines capitalistes, patriarcales et coloniales, loin aussi d’exposer un parcours linéaire avec des solutions clés en main, ce livre, entre le récit, l’essai et le reportage, explore des certitudes autant que des désillusions et assume une certaine vulnérabilité. À rebours de la recherche d’une pureté militante, de l’injonction à choisir son camp au sein d’une opposition manichéenne, Victoria Berni-André aborde la nécessité de composer, de négocier, de faire des compromis, de nuancer. Cherchant à désacraliser et à décloisonner les initiatives écologistes, elle identifie leurs divergences, leurs forces et leurs dysfonctionnements. Elle propose aussi des pistes d’engagement concrètes, en conservant l’objectif de faire émerger de nouveaux désirs grâce à des imaginaires enthousiasmants et de transmettre l’envie de continuer à expérimenter d’autres modèles de sociétés.